lundi 17 septembre 2012

LECTURE : De notre servitude involontaire d'Alain Accardo


Publié aux éditions Agone, dans la collection contre-feux, De notre servitude involontaire –Lettre à mes camarades de gauche est une réflexion d'Alain Accardo, qui concerne tous ceux qu'il nomme, en début comme en conclusion du texte, ses « camarades de gauche » qu'il exhorte de réfléchir avec lui :
Il faut aussi que nous éprouvions un réel désir de changer les choses et donc que nos aspirations spirituelles l'emportent sur nos intérêts matériels et mondains. Mais n'est-ce pas là, chers amis, amies et camarades de gauche, le fondement même de notre identité et le ciment de notre parenté ? (p. 94)

La réflexion porte sur l'emprise de l'économie de marché, du capitalisme comme mode d'organisation économique et social, sur notre propre vie. On peut combattre des formes objectives du capitalisme, mais il convient aussi de lutter contre ce qui a grandi en nous, ce qui est insidieux car fait partie de nous (et nous n'en sommes pas nécessairement conscients, d'où l'adjectif choisi dans le titre, « involontaire », contrairement à celui utilisé par La Boëtie) : notre vie elle-même est régentée par un esprit fort éloigné de ce refus du capitalisme.
Rares sont ceux qui s'avisent que si on se borne à s'emparer des leviers du pouvoir économique et politique, le système aura tôt fait de se reconstituer à partir de sa dimension interne, de sa réalité subjective, c'est-à-dire de la force qu'il conserve dans les têtes et dans les cœurs qu'il a durablement façonnés. (p. 18)
La réflexion est construite comme une promenade, l'auteur s'arrête sur des thèmes annexes, comme le travestissement du vocabulaire ("le nouvel « esprit du capitalisme, son apologie de la force, du fric et de la frime, transfigurée en culte de l' « efficacité », de la « créativité », de la « souplesse », etc." (p. 54) ou encore le terme de « gauche » totalement galvaudé par l'utilisation de ce terme par des socio-libéraux), l'imposture démocratique, les avancées sociales qui sont certes un bien mais qui sont concédées par le système capitaliste car celles-ci ne peuvent de toute manière pas le faire chanceler,...
Avant de revenir au thème principal, la réalité subjective du capitalisme :
Ce qui est en cause, c'est plutôt l'ensemble de notre style de vie et de notre éthos, c'est-à-dire du rapport existentiel que nous avons forgé avec le monde qui nous entoure, avec les autres et avec nous-mêmes : rapport à l'argent et à la propriété, au travail et au loisir, au temps et à l'âge, au corps propre, à la santé, au sexe, à la reproduction, à l'éducation, à la culture, à l'art, à la science, à la morale et à la religion, etc. qui est fondamentalement conditionné par notre appartenance au système et la place que nous y occupons. (pp. 79-80).
C'est un point de vue lucide qui n'épargne personne, une lecture très courte mais captivante en plus d'être parfaitement claire, qui pourrait manquer de "directive"  concrète ou plutôt de l'explication d'une ligne de conduite pour agir, mais c'est à chacun de réagir à titre personnel.

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