dimanche 12 février 2012

LECTURE : Oscar Wilde et le cadavre souriant de Gyles Brandreth (Challenge Oscar Wilde)


- Ainsi, vous êtes Oscar Wilde, le poète-détective, c'est ça ?
- C'est cela, répondit-il, terminant son verre et se joignant à mon hilarité. Et pourquoi pas ? Je me trouve à Paris. J'admire les écrits de feu Mr. Edgar Allan Poe. Que son gentleman enquêteur, son M. Dupin, devienne mon modèle !



À mi-chemin entre le roman historique et le roman policier, Oscar Wilde et le cadavre souriant est un livre de Gyles Brandreth, qui a publié quatre romans mettant en scène l'écrivain irlandais dans un rôle de détective. Oscar Wilde et le cadavre souriant (Oscar Wilde and the Dead Man's Smile pour son titre original) est le troisième traduit en français, après Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles et Oscar Wilde et le jeu de la mort. Le quatrième volume s'intitule Oscar Wilde et le nid de vipères. Tous sont publiés aux éditions 10/18, dans la collection « Grands détectives » de Jean-Claude Zylberstein.


Oscar Wilde détective ? 
Il est en réalité poète, conférencier en Amérique dans les premières pages du livre, dandy, excentrique, faiseur de bons mots, traducteur d'Hamlet, ami de la fabuleuse actrice Sarah Bernhardt, helléniste lisant la fameuse formule d'Epicure, élégant jusqu'à la fleur qu'il porte en boutonnière et bien évidemment sympathique, puisqu'il est le héros du récit. 
Détective un peu malgré lui, entraîné dans un imbroglio qui le dépasse pendant une grande partie du livre. Un chien est tué et enterré dans sa malle à livres pendant la traversée vers la France. Marie-Antoinette, c'est le nom ridicule du chien !, appartient à Maman, la mère d'Edmond La Grange, grand acteur qui a engagé Oscar Wilde pour traduire Shakespeare afin de faire jouer les rôles clés d'Hamlet et d'Ophélie à ses enfants, acteurs très prometteurs. Mais l'habilleur d'Edmond La Grange se suicide, ou du moins, c'est ce qu'il paraît, avant que d'autres drames ne s'enchaînent, jusqu'au retournement de situation final.

Voilà pour les éléments du roman policier. Mais ce livre est tout autre encore et il serait injuste de n'évoquer que cet aspect. C'est une époque qui est reconstituée, Paris, le duel à la française, son théâtre, le Chat noir, l'extravagante Sarah Bernhardt, les cigarettes Lucky Strike, le laudanum et l'absinthe, les gares et les douaniers, les conditions de détention des détenus, l'asile, la constuction du Sacré-Cœur, le nihilisme...

Et le personnage d'Oscar Wilde : anecdotes véridiques, citations... Le personnage du roman semble à certains égards proche de ce que nous connaissons de l'auteur. Par contre, le personnage perd parfois de sa superbe, se tait, se trompe, et l'on perd de vue qu'il s'agit du Wilde que l'on connaît (ou que l'on fantasme). De même, ses incessants va-et-vient entre Paris et Londres sont un peu lourds dans ce récit.
On apprécie néanmoins les pointes d'humour et les aphorismes de Wilde dont le roman est émaillé.

« J'ai découvert que, pour rester jeune, le secret était d'entretenir une passion excessive pour le plaisir. »

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