Un jeu d'écriture du blog Bricabook : à partir de cette photo, qu'écrire ?
Sale journée.
Les tâches s'accumulaient, les
collègues jacassaient, le temps m'encordait et je sentais coulisser
son nœud autour de mon cou. Panne de la machine à café. Les idées
noires me rongeaient. Je devais me confronter à ses poings, le
confronter aux miens et extirper de son regard l'étonnement qui
précèderait le knockout. Me repaître cent fois de l'instant où il
vacille. J'avais tant répété la scène qu'elle lissait les
boucles de son scénario et les enroulait ensuite en bobine pour le
rejouer sans cesse. J'étais double, j'oeuvrais mécaniquement à ma
tâche, mes pensées comme des Parques coupaient une pellicule et
procédaient au montage.
Un rideau noir s'ouvriait sur le titre
en caractères blancs. Film muet. Une ville, une rue, ses passants,
le tramway. Béranger consulterait sa montre à gousset avant de
presser le pas. Je le suivrais. Il me mènerait à l'homme. Ils
avaient rendez-vous.
1972. Mêmes acteurs. Pantalon de
velours, mocassins. Je ne m'étonnerais pas de ce changement de
costumes. Une guimbarde hoqueterait en frôlant de ses taules le
bitume. Béranger n'avait pas pris une ride, je le suivais d'un pas
alerte.
Hier peut-être. Il allumerait une
cigarette avant de déplier le gratuit saisi en passant sur un
présentoir. Ses jambes se croiseraient. Il commanderait un café
crème. Le serveur bâillerait en jetant un œil distrait sur la
pendule. Je m'assierais en terrasse moi aussi. À
travers les reflets de la vitrine, je l'observerais sans qu'il ne se
doutât de rien.
J'aime beaucoup cette métaphore filée du fil / corde / pellicule au début du texte.
RépondreSupprimerMerci de votre participation ! Lien ajouté sous le texte qui paraît le lundi matin.
A la semaine prochaine, j'espère ! ;)
NB : Je ne peux commenter en laissant mon pseudo ...
Merci pour votre lecture. Et peut-être à la semaine prochaine !
RépondreSupprimerHou, ça pulse ! Texte rythmé pour de vieux comptes à régler... On ne s'ennuie pas une minute ! :)
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